« Temple de la démocratie », « Berceau du monde civilisé », « l’Arche du peuple »… Les hyperboles ne manquaient pas cette semaine pour décrire le caractère sacré, voir divin du Capitole à Washington.
À entendre parler les commentateurs et les politiciens, tant américains qu’internationaux, les émeutiers se sont carrément introduit dans le Saint des saints de la démocratie (Partie du tabernacle qui, selon la tradition juive est l’endroit le plus sacré du temple ou seul le chef des prêtres peut y entrer seulement qu’une fois par année).
Le Capitole n’est pas un cadeau divin donné à la race humaine. Il est un édifice qui doit servir d’outil afin de gérer le gouvernement en faveur du peuple. Or, les mêmes commentateurs et politiciens qui invoque l’argument pseudo-religieux disaient en très grande majorité que les élus américains jouaient depuis plusieurs années une partie de pouvoir politique entre eux de manière complètement déconnectée du peuple. Démocrates comme républicains ont depuis longtemps beaucoup plus d’intérêt à sécuriser des actifs politiques que de servir. Depuis combien de semaines l’aide de 600$ tant attendue par les Américains s’y est fait bloquer par Pelosi et les autres pour de simples considérations politiques?
Le vandalisme, le saccage, la violence et le pillage n’ont certainement pas leur place en société, mais un crime commis au Capitole n’est ni plus, ni moins grave qu’un crime commis n’importe où ailleurs. Casser une vitre au Capitole n’est pas pire que de casser la vitre d’un commerçant. Entrer de force au Capitole n’est pas pire que d’entrer de force sur le terrain d’un couple d’avocats. Blesser un agent de la paix au Capitole n’est pas pire que de blesser un agent de la paix dans la rue. Nous avons été témoins de ces choses cet été sans que la classe politique ne joue la consternation. Ces crimes et infractions doivent être traités au même niveau.
La véritable raison pour laquelle politiciens du monde entier ont dénoncé les évènements du 6 janvier, c’est parce qu’ils constituent un rappel que la démocratie appartient au peuple et que si la démocratie faillit à sa tâche le peuple pourrait bien être tenté de la reprendre.
Le caractère sacré du Capitole est qu’une histoire qui cache la véritable raison: la peur qu’un jour les peuples occidentaux en aient ras-le-bol de la classe politique. Si cela a pu se produire dans un pays avec un système basé autour du principe de « check and balance » comme les États-Unis, ça pourrait très bien se produire dans un pays où le chef d’un gouvernement majoritaire devient un leader absolu pendant 4 ans comme dans le parlementarisme britannique.