Je suis consterné, pour ne pas dire répugné, par l’article de Philippe Léger dans le Journal de Montréal la semaine dernière (mercredi, 13 janvier).
JUGEMENT CRIMINEL, OU SIMPLEMENT MORAL?
Le jeune Philippe Léger semble être quelqu’un qui veut se faire symbole d’une gauche radicale. Je dirais qu’à mon avis il est sincère dans ses croyances. Il croit en sa cause. Malheureusement on peut être sincère tout en étant sincèrement… dans l’erreur.
D’entrée de jeu il met « cartes sur tables » en défendant ceux qui censurent le Président des États-Unis. Ici je veux tout de suite établir un point : une grave erreur de la gauche est de faire abstraction de la différence entre une parole qu’on peut qualifier de mauvaise d’un point de vue moral – et que donc ce que ça constitue est souvent une question… de points de vue, et les points de vue sont toujours subjectifs à chacun – ET qui est différente d’une parole d’ordre criminelle. Et en ça, la gauche actuelle a pour habitude de brouiller les cartes à tout coup! La raison est simple, on ne peut censurer ou criminaliser sur une question de gout, alors on doit faire en sorte de faire croire à un crime au sens littéral, quitte à associer les paroles à des propos haineux.
Léger y va à fond de train avec cette tactique en écrivant que la parole du président Trump, et ici je le cite : « n’est pas une parole tolérable ou démocratique. C’est une parole criminelle, séditieuse, incitant à la guerre civile, niant les bases mêmes de la démocratie (…) »
LES BASES DE LA DÉMOCRATIE
Justement, parlons-en des bases de la démocratie, la vraie, et ses bases ne reposent absolument pas sur la censure. Les bases réelles de la démocratie reposent sur des assises fragiles, mais capitales. D’abord, pour qu’un pays fonctionne vraiment en démocratie il doit y avoir un élément dont la défense est le propre de la droite : la liberté. Dans les méandres de la vie la liberté vient avec des droits ineffables et ceux-ci sont reliés entre eux, non pas tant comme des parts individuelles, mais plutôt un peu comme un ensemble complexe, une matrice pourrait-on dire, où tout est relié.
- Le premier droit de base est le droit à la vie. Dès que l’on possède la vie, nous l’enlever constitue un vol. Notre vie nous appartient.
- Le droit à nos pensées, qu’on appelle aussi « liberté d’opinion ». Si on vous enlevait votre liberté en vous mettant en prison, il vous resterait vos libres-pensées. Donc celles-ci viennent avant la liberté physique. C’est une preuve même que vous êtes vivant : « Je pense, donc je suis. » Maintenant, à quoi bon pouvoir penser si on nous empêche d’exprimer nos pensées? À quoi bon être, si on nous empêche d’exprimer que nous sommes? Ce ne serait pas là la liberté. Ce qui nous rattache à l’importance du point principal de cet article.
- La liberté d’expression. Nous venons d’établir l’importance particulière de la liberté d’expression comme étant parmi les bases les plus vitales des droits de la personne. C’est pour ça que même les criminels, à qui on retire la liberté physique par la prison, conservent le droit à la libre opinion et à l’expression de cette opinion, ce qui n’est pas le cas dans toutes les prisons du monde, non; uniquement dans celles qui se trouvent dans des pays… démocratiques!
Philippe Léger fait partie de ces gens qui souvent se décorent de beaux mots comme « justice », « égalité », « démocratie », etc., mais qui n’en connaissent pas vraiment les fondements et les bases nécessaires à leur bon fonctionnement.
Les États-Unis sont reconnus universellement comme le pays étant le leader de la liberté et de la démocratie dans le monde. Si, dans notre liberté d’opinion et d’expression, on peut juger et exprimer le fait que leur président a exprimé des paroles de très mauvais gout sur le plan moral (car Dieu merci, vous ne vivez pas en Chine communiste là où Philippe Léger serait déjà probablement en prison pour ses textes et ses opinions), on ne peut appeler à le censurer au nom de… la démocratie! Il y a dans cet appel à la censure imposée un illogisme dangereux.
COUPABLE PAR ASSOCIATION?
Le jeune Léger continue en prétendant non seulement que la parole de Donald Trump est responsable des cinq morts qui sont arrivées durant les émeutes, mais qu’en plus les réseaux sociaux sont responsables de ne pas avoir fait de censure envers ceux qui utilisent leurs services. (Il me semble plutôt qu’ils en ont fait beaucoup au contraire, mais ça semble être très insuffisant pour le jeune blogueur.)
Je vous demande; le service Poste-Canada devrait-il vérifier ce qui est écrit dans les lettres qu’il participe à livrer entre ses clients?
Admettons que la compagnie Fed Ex effectue la livraison d’un colis et que celui-ci explose par la suite, se révélant avoir été un attentat à la bombe; Fed Ex devrait-elle être tenue responsable de complicité? Devrait-elle commencer à ouvrir et vérifier le contenu de chaque colis que ses clients envoient? Faire ça ne serait-il pas plutôt un outrage à la vie privée des gens? Réalisons-nous à quel point cette direction est dangereuse pour un pays soi-disant démocratique?
Philippe Léger ne semble pas le réaliser, car il termine en laissant voir qu’imposer une semblable censure et un tel contrôle du discours public « ne peut qu’être une bonne chose pour l’avenir de nos démocraties ».
Nous disons que c’est tout le contraire!
Surtout si ce sont des gauchistes dits « wokes » qui déterminent ce qui constitue des discours « haineux ».
Je ne sais pas pour vous, mais vivant présentement dans un pays où le simple fait de dire que vous n’êtes pas d’accord avec la religion islamique, par exemple, constitue un « discours haineux » aux yeux même du premier ministre du Canada Justin Trudeau; c’est assez pour que je rejette ardemment cet appel à la censure. Mettre la liberté d’expression en prison? Non merci!
Philippe Léger serait-il assez jeune pour avoir oublié l’affaire Edward Snowden? (Celui qui a révélé que les communications téléphoniques étaient sous écoute.) Qu’il demande donc à l’organisation Amnistie Internationale combien la censure a envoyé de citoyens honnêtes en prison à travers le monde. Là on reparlera des RÉELS dangers de la censure; dangers qui, dans l’histoire, ont toujours dépassé largement ceux de la libre-expression.)
(P.-S. Le totalitarisme, c’est quand un gouvernement infiltre toutes les sphères du tableau ci-contre. M. Léger semble vouloir que la sphère politique déborde et envahisse la sphère publique – voir le tableau en haut de cet article – nous rapprochant ainsi d’un régime totalitaire, d’où le titre : « Un Léger totalitarisme ». Ne trouve-t-il pas que le Québec est déjà bien assez présent dans la sphère publique – et même « privée » – déjà ???)