Rand vs De Tocqueville (conclusion)

20 décembre 2020
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Dans le dernier article sur Ayn Rand nous avons vu comment elle voyait l’altruisme presque comme un ennemi à combattre. Nous avons vu aussi que ce faux concept était le résultat d’une perception qui n’était pas objective, mais bien plutôt altérée par son arrière-plan et aussi par un concept de l’altruisme qui est à ses yeux toujours exécuté sous certaines pressions externes. Ce qui dans les faits n’est pas tout à fait exact.

Le cas des États-Unis

Rand se basait sur ses observations des États-Unis. L’Amérique est un exemple unique dans l’histoire par la rapidité qu’elle a eu à achever à partir d’un simple groupe de pionniers débarqués largement à Plymouth, pour devenir éventuellement la plus grande puissance mondiale. D’où est donc venue cette prospérité? Un homme s’est spécialisé sur cette question, très exactement.

Né à Paris d’une famille qui a souffert les tumultes de l’après-révolution; Alexandre de Tocqueville s’est rendu aux États-Unis pour tenter d’y trouver réponse à une question.

En effet, la France de l’après-révolution avait la prétention de créer une société de « Liberté-égalité-fraternité » alors que dans les faits il n’en était rien! Les petits capitalistes mercantiles qui s’intéressaient à aller en politique le faisait non pas par intérêt pour la société ou « l’égalité », mais bien plutôt pour s’accorder des avantages personnels une fois en place, chose dont Tocqueville avait dédain.

Le rêve américain

À cette époque l’idéal américain consistait prétendument à l’égalité et la liberté pour la poursuite du bonheur. Déjà, la toute jeune nation américaine semblait beaucoup plus avancée en ce sens que la France. Or est-il possible que l’altruisme y ait joué un rôle?

Selon mes recherches, des études extrêmement sérieuses et qui prennent en comptes une immense variété de facteurs en les analysant individuellement pour établir leur importance, leur valeur, et leur nécessité, tendent à démontrer l’altruisme comme étant une valeur ajoutée (« plus-value ») irremplaçable pour la société. Tellement que la multitude de telles études est pratiquement trop complexe pour être vulgarisée dans un article comme celui que vous lisez en ce moment.

Les héros

Il est évident que ces études montrent que les donneurs se font moins nombreux à mesure que la possibilité d’un résultat positif diminue, particulièrement pour ceux qui évaluent, consciemment ou non, les risques/couts par rapport aux bénéfices.

 (Par exemple, on sera plus porter à donner de l’argent à un mendiant si l’on croit qu’il s’en servira pour acheter de la nourriture et tenter d’améliorer son sort que si on a des raisons de croire qu’il s’en servira uniquement pour s’acheter de la drogue ou de la boisson, ce qui n’est alors d’aucun bénéfice.

Heureusement, nous aurons toujours de ces personnes qui aideront même quand le cout/risque est grand et que ça ne peut leur rapporter aucun bénéfice. On les appelle, des héros.

Celui qui se jette dans l’eau glaciale pour sauver la vie d’un autre au risque de perdre la sienne. Certains le feront même pour sauver un animal. Ils existent! Ils nous inspirent. Ils nous poussent à nous dépasser.

Des gens ont opéré des orphelinats sans aucune aide gouvernementale, même ici au Québec, au prix de leur propre prospérité. Pour nourrir ces jeunes en problèmes, ils ont passé leur propre vie dans la pauvreté, vivant d’une journée à l’autre et priant Dieu de les aider à pouvoir continuer de nourrir ces enfants.

Alexis de Tocqueville

Dans son livre « De la Démocratie en Amérique » (disponible en pdf en cliquant ici) de Tocqueville explique que si en Europe les « accomplissements sont souvent la prétention d’un lord d’Angleterre ou d’un petit groupe fermé composé uniquement de l’élite de la société, en Amérique il en va tout autrement. TOUS sont unis et se regroupent pour accomplir des projets dont aucun ne semble trop petit ni manque d’importance.

Je vous partage ici des citations du livre en question :

De la Démocratie en Amérique

« Les Américains de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les esprits, s’unissent sans cesse. Non seulement ils ont des associations commerciales et industrielles auxquelles tous prennent part ; mais ils en ont encore de mille autres espèces : de religieuses, de morales, de graves, de futiles, de fort générales et de très-particulières, d’immenses et de fort petites ; les Américains s’associent pour donner des fêtes, fonder des séminaires, bâtir des auberges, élever des églises, répandre des livres, envoyer des missionnaires aux antipodes ; ils créent de cette manière des hôpitaux, des prisons, des écoles. […] »

« Ainsi le pays le plus démocratique de la terre se trouve être celui de tous où les hommes ont le plus perfectionné de nos jours l’art de poursuivre en commun l’objet de leurs communs désirs, et ont appliqué au plus grand nombre d’objets cette science nouvelle. »

United, we stand. Divided we fall.

« Conclusion : Le despotisme, qui, de sa nature, est craintif, voit dans l’isolement des hommes le gage le plus certain de sa propre durée, et il met d’ordinaire tous ses soins à les isoler. Il n’est pas de vice du cœur humain qui lui agrée autant que l’égoïsme : un despote pardonne aisément aux gouvernés de ne point l’aimer, pourvu qu’ils ne s’aiment pas entre eux. Il ne leur demande pas de l’aider à conduire l’État ; c’est assez qu’ils ne prétendent point à le diriger eux-mêmes. Il appelle esprits turbulents et inquiets ceux qui prétendent unir leurs efforts pour créer la prospérité commune, et changeant le sens naturel des mots, il nomme bons citoyens ceux qui se renferment étroitement en eux-mêmes.

Les Américains ont combattu par la liberté l’individualisme que l’égalité faisait naître, et ils l’ont vaincu. »

Si les valeurs conservatrices servent le but premier de garder les gens libres, alors il demeure essentiel de s’éloigner de l’égoïsme et de valoriser l’altruisme et l’unité.

Je vous laisse sur cette citation d’un autre influent défenseur des droits :

« J‘ai commencé à apprendre il y a longtemps que les plus heureux sont ceux qui font le plus pour les autres. » ~ Booker T. Washington

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Conservatisme · Histoire · Philosophie

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