Erin O’Toole fait un Mario Dumont de lui-même et c’est pourquoi il va perdre

19 janvier 2021
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Erin O’Toole semble avoir du mal à s’auto-définir comme chef du Parti Conservateur du Canada. Le parti n’ayant jamais depuis sa reformation-fusion avec l’Alliance canadienne défini réellement sa boussole idéologique, nous avons pris pour acquis que la direction du chef devenait de facto celle du parti. En effet le premier chef du « nouveau PCC » Stephen Harper avait, avec beaucoup d’intelligence, il faut le dire, compris qu’il devait fédérer toutes les droites conservatrices pour espérer gagner et laisser un empreinte solide sur le pays et dans les grandes lignes c’est effectivement ce qu’il a fait en laissant de la place aux conservateurs fiscaux, aux plus classiques, aux traditionnalistes, aux libertariens aux reds, aux blues et tout le monde pouvait généralement se faire entendre dans ce caucus et dans les instances de parti qui se devait d’unir s’il voulait défaire la machine bien huilée des libéraux et de leurs alliés des médias. Harper avait compris qu’il devait montrer à toutes les droites qu’il serait leur allié et qu’il irait au front pour eux quand on essaiera de les isoler et de les désunir. Dans l’ensemble, c’est ce qu’il a fait et c’est comme ça qu’il a pu bon an mal an rester 10 ans au pouvoir avec un gouvernement responsable et sans grands scandales. Mais pour garder ce parti et ce mouvement uni, il a fallu que chacun sache qu’il n’allait pas se faire poignarder ou isoler à la première contrariété venue. C’est une règle essentielle de la politique qui s’appelle la solidarité. C’est pourquoi à chaque élection les conservateurs d’Harper ont pu compter sur une assise intellectuelle appuyée par une machine politique et un mouvement citoyen qui sentait qu’il avait sa place dans cette maison que l’on appelle parti politique. Il y avait une réelle coalition de droite.


Qu’en est-il maintenant qu’Erin O’Toole a pris les commandes du Parti conservateur? Quel genre d’empreinte veut-il laisser? Que veut-il créer afin d’affronter Trudeau et les médias? Eh bien, nous avons pu en avoir une bonne idée dans les dernières semaines. O’Toole veut vous dire que non, il n’est pas un nazi et qu’à chaque fois qu’il sera bousculé par un média ou un politicien de gauche, il prendra la posture défensive et acceptera de se laisser définir par ceux qui ne voteront de toutes façons jamais pour lui ni pour aucun conservateur. 

Cette « stratégie » qui fut employée par certains politiciens qui avaient été porté haut dans les sondages préalablement grâce à des positionnements que nous dirons conservateurs classiques I’m a true blue (je suis un vrai bleu) disait O’Toole afin de rassurer la base a porté fruit et il a fini par se faufiler jusqu’à la position de tête du parti.

Rob Ford, John Mc Cain, Mario Dumont ont tous caracolé dans les sondages en prenant des positions de droite, mais dès qu’ils ont voulu se faire aimer des médias (et de ceux qui ne voteront jamais pour eux) ont goûté à la médecine non seulement de l’opinion publique, mais de leurs propres membres (dans le cas de Ford, c’est en train d’arriver à moins qu’il corrige le tir avant l’élection). Cette position, de s’excuser d’exister et de se laisser définir par ses adversaires, est la plus faible qui soit et n’augure rien de bon pour l’avenir d’une formation politique.

Afin de se montrer progressiste et vertueux (selon les normes de ceux qui ne voteront jamais pour lui) l’équipe d’O’Toole font fuiter vers le site web d’extrême gauche Press Progress (ca ne s’invente pas) le fait que le député (et ex adversaire à la chefferie) Dereck Sloan aurait accepté un don de 131 $ d’un individu controversé qui aurait eu personnellement des prises de positions racistes… Ok donc Sloan reçoit 13 000 dons et devrait savoir le pedigree de chacun des donateurs qui font une contribution sur un site web? Quand on sait que la veille le chef du PCC a fait une déclaration « out of the blue » ou il se définit comme « moderne et inclusif » et que comme par hasard press progress sort cette non-histoire sur la contribution à la campagne de Sloan et sans tarder O’Toole cape au vent éjecte Sloan du caucus trop heureux de voir cette histoire cousue de fil blanc et content de poser en parangon de vertu progressiste.

Je ne sais pas si vous lisez comme moi les réseaux sociaux, mais disons que cet autre agenouillement d’une personnalité en position de pouvoir d’un parti supposément de droite ne passe pas chez la base. Bien sur qu’O’Toole se fera féliciter par les différents éditorialistes et médias du pays d’enfin se mettre en position de soumission.

C’est justement ça le problème.

Rendez-vous à la prochaine élection pour la suite.

L’acte de contrition d’O’Toole à une question qui ne fut jamais posée


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Actualités · Canada · Conservatisme

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