Je dois le dire d’entrée de jeu, j’ai toujours eu du mal à saisir ou se situait Éric Duhaime idéologiquement. C’est souvent le cas pour des gens qui sont dans l’espace public et qui passent par la politique davantage pour monter leur profil personnel que pour réellement faire avancer une cause. Cela dit, je ne voulais pas me faire une idée préconçue alors je laisse les faits parler et on analysera après en connaissance de cause.
Premièrement est-ce qu’Éric Duhaime parle conservateur? A part son discours monolithique sur son opposition aux mesures sanitaires qu’il qualifie de dictature ou d’extrémisme (on y reviendra) l’a-t-on entendu parler réellement d’autre chose? Un peu à l’image de son ami Maxime Bernier, il semble incapable de sortir du carcan d’un seul message monolithique. Bernier en 2018-19 ne parlait essentiellement que d’une chose: Les quotas de lait. Bon je veux bien que ce soit un sujet théoriquement intéressant à débattre mais force est d’admettre que c’est un peu mince et qu’au final cela intéresse que très peu de gens. Cette fois-ci avec les mesures sanitaires il ratisse plus large et il est vrai qu’il y a une certaine insatisfaction. Mais pour marcher dans cette voie, il doit s’associer aussi aux anti vaccins et toute la cohorte de conspirationnistes qui vont avec. Bernier comme Duhaime auraient pu tracer une ligne mais par facilité et parce que cela leur donne un appui circonstanciel, ils ont choisi de fermer les yeux. Vous savez à quoi ça me fait penser? A la gauche woke qui laisse entrer tous les extrémistes dans leur mouvement. Pensons à Québec Solidaire qui, s’ils voulaient passer pour un parti sérieux ont du mettre un holà à la dérive de cette patente qu’on appelait Collectif antiraciste décolonial qui infectait tous les débats. On se souviendra que le PQ l’a aussi vécu à sa manière avec le SPQ Libre. En tardant à trancher, les partis se laissent gangrener.
Oui c’est dur de trancher. Certains diront qu’il faut additionner au lieu de s’isoler, je suis de ceux-là, mais un parti est un édifice idéologique qui doit définir les murs et les limites de son terrain. C’est justement pourquoi il faut être attentif non pas aux promesses mais aux actions des différents politiciens. Les gestes nous disent tout ce qu’on doit savoir de ceux-ci avant de leur accorder ou non notre confiance pourvu que l’on y prête attention.
Par exemple cette semaine le gouvernement Legault allait voter cette loi spéciale et particulière ou on allait interdire aux antivaccins de manifester devant les écoles. J’étais curieux de voir comment Duhaime se positionnerait car la position conservatrice à avoir était très simple et limite prévisible. Qu’a négocié Duhaime? De limiter la loi à 30 jours. Non mais sérieusement et en plus il a annoncé ça comme une victoire et Claire Samson (la caquiste expulsée qui s’est tournée vers le PCQ) n’a même pas voté contre, elle s’est abstenue. Euh… Mais quel pee wee conseille Duhaime au fait?
Pourtant la position conservatrice aurait été tellement simple, la voici:
Alors Monsieur le premier ministre vous voulez faire voter une loi pour éloigner les manifestants (antivaccin) des écoles? Ok alors je vais appuyer votre loi et cette loi va s’appliquer aux syndicaleux et aux groupes de gauche qui instrumentalisent les enfants dans les écoles. Vous voulez que l’école soit un sanctuaire de paix? Alors je vous appuie si vous vous montrez cohérent.
Ça, ça s’appelle parler conservateur et d’envoyer la balle à Legault et à Nadeau Dubois pour les laisser pérorer sur leur incohérence et se le faire mettre au visage ensuite.
Le chef du PCQ aurait pu se placer en position d’autorité, se mettre en phase avec le reste du Québec qui n’appuie pas plus les syndicaleux ou les associations étudiantes marxistes pour déranger le cursus scolaire de leurs enfants que les antivaccins.
Mais non, Duhaime a voulu se positionner en victime. Encore une fois.
On peut être d’accord ou non avec les mesures sanitaires, tout cela se discute mais avez vous remarqué que les PM et chefs de partis conservateurs à travers le pays ne se sont pas isolés dans le « fringe » et ont malgré tout pris des décisions ou des positions dures mais qu’ils croyaient (à tort ou à raison) bonnes pour la population.
Ca prend du courage pour parler conservateur en 2021. Demandez vous ce que de « vrais » conservateurs comme Harper auraient fait à l’assemblée nationale cette semaine.
Vous aurez votre réponse.
