Discours du trône, Québec, 13 février 1946

13 février 1946
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Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’ Assemblée législative,

A l’aube de la seconde session de la vingt-deuxième législature, le gouvernement désire remercier encore une fois la divine Providence d’avoir daigné permettre la fin du conflit terrible qui a décimé l’humanité et causé des perturbations économiques dont l’univers subit encore les violents contrecoups. Puisse Dieu apporter au monde une paix durable et juste, fondée sur les enseignements du Christ.

Mon gouvernement désire souligner d’une façon toute particulière un fait unique dans l’histoire de la province, voire même dans l’histoire du Canada. A trois reprises seulement un Canadien fut désigné par le Saint Siège comme légat a latere et cette fois le choix éclairé de Sa Sainteté le Pape s’est porté sur notre éminent et vénéré concitoyen, Son Éminence le cardinal J-M Rodrigue Villeneuve, archevêque de Québec et Primat de l’Église canadienne. Nous prions Son Éminence d’accepter nos respectueuses félicitations.

Nous aurons prochainement un nouveau gouverneur général. Nous lui souhaitons la plus cordiale bienvenue et le meilleur succès. A la veille de leur départ nous tenons à saluer Son Excellence le comte d’Athlone et Son Altesse Royale la princesse Alice, en les priant d’offrir à leur neveu, Sa Majesté Notre Gracieux Souverain, l’assurance renouvelée de la loyauté traditionnelle de la province de Québec.

Depuis la dernière session une très importante conférence intergouvernementale canadienne a siégé à Ottawa et continue ses travaux. Conformément au principe même de la Confédération, principe fondé sur la saine coopération, le gouvernement de la province de Québec collabore avec le gouvernement central et les gouvernements des autres provinces dans le but de rechercher et d’appliquer les meilleurs moyens propres à atteindre les fins de la Confédération et de trouver les meilleures formules d’entente mutuelle adaptables à notre époque.

Pour donner à l’administration et à la législation de notre province l’orientation familiale, sociale et nationale que le gouvernement a commencé à appliquer et qu’il entend continuer et perfectionner, il est nécessaire que nous puissions exercer, dans leur plénitude, les droits, prérogatives et libertés qui nous appartiennent et qui nous sont reconnus par l’Acte de l’Amérique britannique du Nord.

C’est l’opinion raisonnée et définitive de mon gouvernement que l’Acte de l’Amérique britannique du Nord constitue un pacte d’honneur entre les deux grandes races canadiennes et qu’il ne peut être modifié sans le consentement unanime des parties contractantes. Ce pacte, la province de Québec entend le respecter, comme elle entend en exiger le respect.

Le gouvernement estime que la décentralisation administrative et législative est de l’essence même du pacte fédératif, de l’essence même de la démocratie. tandis que la centralisation s’apparente au totalitarisme qui répugne profondément à la province de Québec.

Mon gouvernement entend coopérer à la grandeur et à la prospérité de la Confédération canadienne, fondées sur le respect de la constitution, sans lequel il ne saurait y avoir de véritable unité nationale.

Le gouvernement s’emploiera à procurer à notre jeunesse la place qui lui revient de droit dans l’œuvre de développement de notre province. Un projet de loi vous sera soumis en vue de l’organisation d’un service administratif spécialement chargé du bien-être et de l’avenir de la jeunesse.

Mon gouvernement croit fermement que l’éducation est une des principales richesses d’un peuple, qu’elle constitue un capital d’une valeur incomparable, indépendant des fluctuations économiques et pouvant s’accroître au gré de la volonté de celui qui le possède. Nous voulons faire profiter de cette richesse inestimable toute la population de la province et particulièrement les fils de nos cultivateurs et de nos ouvriers. Nous voulons apporter notre meilleure attention aux nombreux problèmes éducationnels accumulés depuis bien des années.

Dans ce but le gouvernement a nommé un comité d’étude dont vous serez appelés à analyser le rapport et les recommandations.

Le gouvernement compte sur la collaboration de tous les esprits bien pensants pour résoudre ce problème vital qui dépasse en ampleur et en gravité toutes les considérations partisanes. Évidemment, le problème de l’éducation ne peut se régler du jour au lendemain, mais au cours de la session actuelle le gouvernement proposera une législation qui posera au moins une partie des fondements d’un plan général bien mûri, juste, et approprié aux besoins et aux droits de tous les intéressés.

Dans ce domaine de l’éducation, le gouvernement affirme catégoriquement que les droits des parents et ceux du Conseil de l’Instruction publique doivent être intégralement sauvegardés.

Le gouvernement est d’opinion que le système actuel de taxation pour fins scolaires est injuste envers la petite propriété, facteur de bien-être, de progrès et de paix sociale; il continuera à s’intéresser aux petits propriétaires, à leur rendre justice et à améliorer leur sort.

Profondément soucieux d’assurer à notre peuple les bénéfices incomparables d’une excellente santé, le plus précieux de tous nos biens terrestres, le gouvernement poursuivra la lutte contre la tuberculose et les autres maladies infectieuses, verra à améliorer notre système d’hospitalisation, favorisera l’établissement des maisons de convalescence et recherchera la collaboration et les conseils éclairés des sommités médicales.

L’agriculture est la pierre angulaire de notre stabilité économique et nationale; le gouvernement vous soumettra des projets de loi pour mettre à la disposition des cultivateurs des crédits substantiels.

La loi établissant le crédit agricole provincial, sanctionnée le 12 novembre 1936, s’est avérée économiquement saine et salvatrice et le gouvernement vous proposera une législation pour faire bénéficier les cultivateurs de prêts additionnels et importants.

Le gouvernement continuera d’accorder une attention toute spéciale à la colonisation. La récupération, par le drainage, des terres marécageuses constitue un excellent système de colonisation car il prolonge, en les consolidant, les paroisses existantes, et donne aux bénéficiaires les avantages de l’organisation religieuse et scolaire, et des services sociaux existants.

Une législation pour activer le drainage des terres, en collaboration avec le gouvernement fédéral, vous sera soumise.

Nos forêts comptent parmi nos ressources naturelles les plus riches parce que de leur existence, de leur croissance, de leur exploitation raisonnée et raisonnable dépendent la fertilité de nos sols, la régularité du débit de nos cours d’eau, de nos sources d’énergie hydraulique, la préservation et l’augmentation de nos ressources giboyeuses et poissonneuses.
Nous désirons adopter les meilleurs moyens pour assurer la protection de nos forêts et garantir leur permanence.

Vous serez appelés à autoriser la construction et l’organisation, à Québec, d’une École forestière moderne et progressive, répondant à nos besoins actuels et futurs.

Malgré les perturbations qui se produisent ailleurs notre classe ouvrière, comme toujours, se montre soucieuse du respect de l’ordre et de l’autorité constituée. Elle fait preuve d’exceptionnelles qualités qui contribuent grandement à la stabilité et au progrès de notre province et au bon renom de notre population. C’est là un actif très précieux et le gouvernement est heureux d’en remercier et d’en féliciter notre classe ouvrière.

Le gouvernement apprécie les services signalés rendus à notre peuple par les différentes professions et toutes seront traitées avec justice, mais la classe ouvrière, en particulier, sera l’objet d’une grande sollicitude. Le gouvernement aidera toujours avec plaisir l’employeur et l’employé, tous deux indispensables à notre vie économique, à collaborer sincèrement, sous le signe de la justice et de la charité.

Nous nous occuperons d’accélérer le développement et la prospérité de nos pêcheries et de nos grandes ressources minières.

L’amélioration de notre réseau routier sera continué et le gouvernement accordera une attention spéciale aux moyens de communication et de distribution rurales. Il faut que nos villages, nos paroisses et nos campagnes puissent largement bénéficier d’un bon système de voirie.

Le gouvernement continuera à s’occuper de l’ouverture et du développement de nos marchés, de l’établissement de nouvelles et importantes industries dans la province. Il favorisera la petite industrie surtout celle qui s’apparente à l’agriculture et à la colonisation.

Le gouvernement s’intéresse beaucoup au sort des membres du service civil, collaborateurs de l’administration de la province, et il tient à assurer leur bien-être.

Plusieurs projets susceptibles de contribuer au règlement des problèmes d’après-guerre et plusieurs législations intérêt public et privé seront soumis à votre meilleure attention.

Messieurs de l’Assemblée législative,

Les comptes publics de la dernière année fiscale vous seront distribués et je vous prie de voter le budget des dépenses pour le prochain exercice.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vos délibérations s’inspireront, je n’en doute pas du désir de réaliser le bien commun et de collaborer à la prospérité de la province en cette heure particulièrement grave de la vie des peuples.

Je demande à Dieu de bénir vos travaux pour qu’ils contribuent au bonheur et à la prospérité durables de notre province et de sa population.

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