La machine à rumeurs s’est emballée depuis 24 heures alors que la députée caquiste Claire Samson s’est fait prendre par la CAQ à avoir fait une contribution politique de 100$ au Parti Conservateur du Québec. Plusieurs la voient prendre les couleurs du parti d’Éric Duhaime devenant ainsi la seule député conservatrice de l’Assemblée Nationale.
Qui est Claire Samson?
Selon sa biographie sur le site de l’Assemblée Nationale, madame Samson a eu une carrière de plus de 40 ans en gestion d’entreprises en communication et en culture. Après 14 ans comme PDG de l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec, elle se représente après une campagne perdante en 2012 pour la Coalition Avenir Québec dans le comté d’Iberville et l’emporte par 886 votes sur la députée sortante du Parti Québécois Marie Bouillé.
De par son CV dans le domaine, Legault la nomme porte-parole de la CAQ en matière de culture.
La CAQ prend le pouvoir
En 2018, la Coalition Avenir Québec remporte les élections et obtient un mandat majoritaire de la part des électeurs québécois. Madame Samson est alors réélue dans une course bien moins serrée avec 10 035 votes d’avance sur le candidat péquiste. De par son CV et son expérience parlementaire de porte-parole, Claire Samson s’attend à être nommée ministre de la Culture. Le poste sera plutôt confiée à sa collègue Nathalie Roy, jouissant d’une expérience à la fois comme journaliste, chef d’antenne et avocate. À mon avis, le fait qu’elle soit connue du public et qu’elle ait œuvré en droit en faisait effectivement une meilleure candidate pour le poste.
L’élection a lieu le 1er octobre 2018. Un peu plus de deux mois plus tard, le journal Le Soleil publiait un article racontant que madame Samson avait de graves ennuis de santé nécessitant possiblement une intervention chirurgicale au cerveau (elle avait d’ailleurs eu le droit d’amener son chien à l’Assemblée Nationale car celui-ci pouvait sentir ses crises d’épilepsie.).
Une telle problématique de santé fait également pencher la balance en faveur de madame Roy au poste de ministre. Il serait malheureux qu’une ministre doive laisser son poste peu de temps seulement après son assermentation, surtout dans un domaine névralgique au Québec comme l’est la culture.
Madame Samson a été très démonstrative à l’époque dans sa déception, quittant le salon rouge lors de l’assermentation du conseil des ministres puis en faisant une tournée média.
Oui, c’est décevant de ne pas être nommé ministre, mais dans ce temps-là on doit travailler plus fort, montrer au chef du parti que vous êtes un candidat de choix pour ses prochaines nominations. Prenons par exemple Benoit Charette, député d’expérience au sein de la CAQ qui avait été exclu de la première mouture du conseil pour ensuite être nommé ministre de l’Environnement en remplacement de la très spéciale Marie-Chantal Chassé. Première erreur stratégique de Claire Samson.
Le don au Parti Conservateur du Québec
Dans un des plus étrange épisode de la politique québécoise depuis la relation amoureuse entre la vice-première ministre libérale et un député de première ligne de l’ADQ, la CAQ a été informée du don politique de 100$ que Claire Samson a fait en faveur du Parti Conservateur du Québec, parti en compétition directe avec la CAQ pour une partie de l’électorat de celle-ci.
Les dons faits aux partis politiques sont tous publics et tous les députés en sont parfaitement conscients. Madame Samson était très consciente de son geste. Sachant que ce don serait inévitablement découvert, madame Samson n’a que deux choix viable. Ou bien se déclarer immédiatement députée conservatrice, ou bien se déclarer immédiatement députée indépendante. Mais au lieu de faire cela, elle décide d’attendre que son parti le remarque et de se faire éjecter. Deuxième erreur stratégique.
Le site web activiste La Presse cite une source caquiste disant que Claire Samson a rencontré en privé il y a quelques semaines le nouveau chef du PCQ, Éric Duhaime, pour lui dire qu’elle ne voulait pas faire le saut du côté des conservateurs. Voici donc une rencontre où la députée avorte un projet de transfuge, mais en profite pour faire toutefois une donation? Il n’y a pas de demi-mesure si tu veux changer d’allégeance. Soit tu le fais à 100%, soit tu ne le fais pas du tout. Rester à la CAQ tout en financant le PCQ est un symptôme très négatif d’ambivalence pathologique, un très vilain défaut pour quelqu’un en politique. Troisième erreur stratégique.
Si Claire Samson était une politicienne hors pair, elle aurait pu s’en sortir à peu près élégamment ce matin en disant, par exemple, qu’elle avait fait un don au PCQ dans le but de forger des liens stratégiques avec eux pour ensuite piloter une fusion du PCQ à la CAQ si le parti de Duhaime ne serait plus viable. Un politicien habile trouve toujours une façon de s’en sortir. Visiblement, la députée Samson n’a pas ce talent. Quatrième erreur stratégique.
Une chose que la population n’aime pas, c’est de se faire mentir en pleine face. Lorsque Claire Samson raconte ce matin à Paul Arcand qu’elle a été informée de son exclusion ce matin en regardant les nouvelles sur sa tablette, c’est le pire mensonge poche de politicien qui a été dit ce printemps (et Dieu sait qu’il s’en s’est dit ce printemps…). Une nouvelle qui sort vers 21:00 et donc personne de la famille, aucun ami ni aucun journaliste ne communique avec elle pour avoir sa version de l’histoire avant le lendemain matin? Certain enfants d’âge préscolaire ne s’enfargent pas autant qu’elle dans leur histoire. Cinquième erreur de jugement.
Éric Duhaime doit-il acceuillir des transfuge au PCQ?
Oui, il est normal qu’une nouvelle offre politique puisse attirer des députés ayant œuvré pour des partis existants depuis de nombreuses années. Il faut néanmoins s’assurer que les conditions gagnantes soient respectées. Le premier transfuge que Duhaime accueuillera sera la personne la plus visible du parti, probablement plus même que le chef. Il est donc impératif de trouver quelqu’un de solide, qui ne tombera pas dans les pièges faciles et qui a une bonne maitrise de la vision politique du parti et des stratégies et tactiques politiques. Ce n’est définitivement pas le cas de Claire Samson dont j’ai rapporté en quelques lignes cinq erreurs évitables qu’elle a commises.
De plus, le transfuge doit être cohérent dans le narratif. Prenons par exemple le député Youri Chassin. Ancien porte-parole de l’IEDM, il a toujours défendu, dans sa vie prépolitique, des idées de libertés économiques. Un éventuel transfuge vers le PCQ serait alors plus naturel et s’explique mieux. « Je me suis présenté pour la CAQ, car je croyais au pacte que monsieur Legault a fait avec la droite québécoise et je voulais y participer. Je suis déçu donc je vais rejoindre le parti de droite au Québec. » Ce serait une pilule pas très difficile à avaler.
Avez-vous déjà entendu madame Samson parler de conservatisme au Québec? Nous non plus!
Si Éric Duhaime et son parti son sérieux, ils laisseront Claire Samson députée indépendante.
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J’ai été le député de la circonscription d’Iberville durant 9 années (1976-1985) pour le Parti Québécois dans l’équipe de René Lévesque. Je sais que même si on est membre d’un parti politique ce n’est pas illégal de faire un don à un autre parti mais c’est une façon que Claire se venge contre M. Legault qui ne l’a pas nommé ministre. M. Legault a été trop bon envers Claire car avec l’attitude désinvolte de sa députée il aurait été mieux qu’il la sorte du parti de la CAQ depuis l’élection de 2018. Je crois que René Lévesque n’aurait pas niaisé longtemps pour montrer la porte à une députée aussi récalcitrante.